PHOTOVOLTAÏQUE – Fermeture de Systovi
Les causes d’une crise annoncée
La chute du carnet de commandes de Systovi face au dumping chinois était prévisible. Depuis l’été 2023, l’entreprise se battait contre une concurrence déloyale, alimentée par la vente à perte de panneaux solaires chinois sur le marché français et européen. Malgré les alertes lancées par son directeur général, Paul Toulouse, et les investissements réalisés pour moderniser l’outil de production, Systovi n’a pas obtenu le soutien de l’Etat, qui aurait été nécessaire pour convaincre un repreneur de s’engager dans ce projet.
L’absence de réaction de l’État interpelle, alors que les discours en faveur du réarmement industriel se multiplient et que l’énergie solaire est une réponse centrale pour l’autonomie énergétique de la France.
Un appel à l’action gouvernementale
La question est restée sans réelle réponse. Pourtant, si l’Etat avait par exemple annoncé, comme il l’a fait pour les pompes à chaleur, une aide pour l’achat de panneaux photovoltaïques fabriqués en France, alors il est probable qu’un repreneur se serait manifesté pour Systovi.
Avec ce silence de l’Etat, c’est à une « chronique d’une mort annoncée » que nous assistions, avec l’inéluctable décision de liquidation par le tribunal de commerce. Nos premières pensées sont pour les salariés et leur famille, victimes concrètes de ce dumping chinois et de la passivité de l’Etat. Ils doivent bénéficier de tous les dispositifs d’accompagnement et ne pas rester sans réponse quant à leur avenir.
Vers une transition énergétique ambitieuse
Cette fermeture pose aussi la question de la construction d’une véritable filière économique du photovoltaïque, en France et en Europe. Si le gouvernement annonce sa volonté de soutenir la construction de « gigafactories » du solaire, si l’Europe débat des mesures de lutte contre le dumping chinois (mais avec encore des désaccords entre membres de l’Union européenne sur leur forme), pour l’instant, c’est à la disparition d’un savoir-faire spécifique que nous assistons.
Systovi travaillait notamment avec les collectivités territoriales de la région, des projets très intéressants d’intégration de la production photovoltaïque sur de nouveaux espaces comme le cimetière de Saint-Joachim (44). Ces communes très engagées dans la transition ne doivent pas subir les conséquences de cette liquidation, notamment pour le service après-vente. C’est un point sur lequel ESNT sera particulièrement vigilant, tant nous sommes convaincus que l’atteinte de nos objectifs d’autonomie énergétique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre n’est possible que par le dynamisme et la mobilisation des territoires.