TRIBUNE – Déverrouillons ensemble notre République : proportionnelle, démocratie sociale, décentralisation !
Les élections législatives du 7 juillet ont créé la surprise : le Nouveau Front Populaire est devenu la première force politique de l’Assemblée nationale. Ce résultat est le fruit d’une double légitimité, celle première issue du dialogue entre les 21 partis qui le composent, appuyés par la société civile, mais aussi celle seconde de la dynamique du Front Républicain. Le pouvoir à venir doit, pour être solide, savoir articuler, sous une forme parlementaire à inventer, cette légitimité double. Nous ne sommes pas tous d’accord entre nous, à l’image de la société, et pourtant nous avons su trouver les points de passage pour faire face à la brutalité et au danger de l’extrême droite. Ce résultat construit ensemble nous engage donc collectivement devant les Français parce qu’ils l’ont choisi.
Dans la France fragmentée, secouée par des crises restées sans réponse, des gilets jaunes aux émeutes de juin 2023, en passant par les chocs des confinements, les Françaises et les Français ont adressé deux messages clairs. D’une part, un appel très net à la fin de la verticalité institutionnelle et, en miroir, une demande de dialogue, de compromis, d’échanges à tous les niveaux du pays. D’autre part, un refus de la haine et une profonde aspiration à une France plus juste et mieux ordonnée, avec des services publics mieux articulés entre eux.
L’immense défi du Front populaire et du Front Républicain est bien celui-ci : casser cette spirale de la démocratie de l’entre-soi, installer de réels espaces de débat et de décision, d’organisations mieux comprises au niveau local comme au niveau parlementaire. Retisser du lien entre les Français de territoires différents, entre Paris, les métropoles et les sous-préfectures, entre les urbains, les périurbains et les ruraux.
Il nous semble que cette aspiration au dialogue qui traverse la société doit pouvoir se traduire dans des mesures concrètes à travers trois grandes orientations :
- Établir la proportionnelle comme prochain mode d’élection des députés. Une démocratie moderne, dans un monde complexe, est une démocratie qui laisse la place à l’expression des différences et des singularités tout en affirmant la nécessité de créer des coalitions de gouvernement dans la clarté. La France est certes fragmentée, mais le dialogue est encore possible. Établir la proportionnelle, c’est donner aux citoyens l’outil permettant de faire dialoguer ces contradictions. La proportionnelle est un outil moderne qui permettra de remettre le Parlement au centre des décisions.
- Concilier pleinement démocratie politique et démocratie sociale. Une démocratie moderne pondère la puissance de l’Etat par la force du dialogue social. S’il appartient à la Nation, par ses représentants de fixer la trajectoire financière du pays, les moyens et le rythme de les atteindre pour ce qui relève de la protection sociale doivent dépendre des seuls partenaires sociaux. Dès le début du mandat, il convient donc de préciser les missions qui relèvent de l’Etat et du financement par l’impôt et de fixer la feuille de route assignée au patronat et aux syndicats pour les salaires, l’assurance chômage, la sécurité sociale.
- Renforcer les moyens, les missions et le pouvoir décisionnaire des collectivités locales. Une démocratie moderne est une démocratie décentralisée, où les décisions non régaliennes sont prises au plus près des habitants. Les récents rapports Woerth et Ravignon ont éludé l’enjeu de nouveaux transferts de compétences aux collectivités comme s’il était impensable d’envisager une nouvelle étape de décentralisation. Au contraire, nous affirmons la nécessité de poursuivre la décentralisation afin que les collectivités locales puissent être le fer de lance de nouveaux modèles de développement fondés sur une ambition forte en matière de transition écologique, de cohésion sociale et d’aménagement du territoire. Nous devons trouver les voies d’une autonomie des collectivités locales dans un cadre renouvelé de solidarité nationale.
Il n’y a pas d’autre horizon que le dialogue et le compromis, à tous les étages de notre société. La France demeure un pays hypercentralisé dans la distribution de ses richesses comme dans l’organisation de ses pouvoirs. Assurément, pour déverrouiller les tensions qui la traversent, et parce qu’un gouvernement d’extrême-droite ou un « gouvernement technique » n’auraient pas les mêmes conséquences qu’en Italie, en Allemagne ou en Belgique, il est temps de redéfinir un réel équilibre des pouvoirs, entre exécutif et Parlement, entre démocratie politique et démocratie sociale, entre l’Etat et les territoires.
Il nous semble que la majorité réelle du pays, ancrée dans nos territoires, sachant déjà travailler ensemble dans le respect des différences, est capable de se retrouver sur ces trois orientations fortes, et de créer les outils indispensables pour débloquer une situation verrouillée.
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Signataires
- Guy Benarroche, sénateur des Bouches-du-Rhône
- Grégory Blanc, sénateur du Maine-et-Loire
- Éric Bothorel, député des Côtes-d’Armor
- Thierry Cozic, sénateur de la Sarthe
- Ronan Dantec, sénateur de Loire-Atlantique
- Jacques Fernique, sénateur du Bas-Rhin
- Damien Girard, député du Morbihan
- Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère
- Bernard Jomier, sénateur de Paris
- Monique de Marco, sénatrice de la Gironde
- Marc Pena, député des Bouches-du-Rhône
- Barbara Pompili, ancienne ministre
- Jean-Claude Raux, député de Loire-Atlantique
- Daniel Salmon, sénateur d’Ille-et-Vilaine
- Irène Tolleret, députée européenne
- Stéphane Travert, député de la Manche
- Mélanie Vogel, sénatrice représentant les Français établis hors de France
- Dominique Voynet, députée du Doubs
- Patrick Braouezec, ancien député et maire de Saint-Denis (93)
- Olivier Demarty, maire de Crossac (44)
- Patrice Donati, maire de Vandœuvre-lès-Nancy (54)
- Samuel Féret, maire d’Arzal (56)
- Jérémy Girault, maire de Savennières (49)
- Patrick Haddad, maire de Sarcelles et conseiller départemental du Val d’Oise (95)
- Paul Heulin, maire de Sainte-Gemmes-sur-Loire (49)
- Jean-Marc Labbé, maire de La Méaugon (22)
- Aurélie Mézière, maire de Plessé (44)
- Sébastien Miossec, maire de Riec-sur-Bélon et président de Quimperlé Communauté (29)
- Lamine Naham, maire de Trélazé (49)
- Jean-Charles Prono, maire de Loire-Authion (49)
- Dominique Ramard, maire de Saint-Juvat (22)
- Bruno Ricard, maire de Lanvallay (22)
- Pascal Hervé, vice-président de Rennes Métropole (35)
- Jean-Pierre Cruse, adjoint à la maire et conseiller communautaire Chilly Mazarin (91)
- Bruno Martin, adjoint au maire de Séné (56)
- Gwenaëlle Kervella, adjointe au maire de Loudéac (22)
- Antoine Le Solleuz, adjoint au maire de Nancy (54)
- Mickaël Marie, adjoint au maire de Mondeville (14)
- Thierry Nicolas, adjoint au maire de Lanvallay (22)
- Clément Pecqueux, adjoint au maire d’Ivry-sur-Seine (94)
- Maxime Picard, adjoint au maire de Questembert (56)
- Laurent Watrin, adjoint au maire de Nancy (54)
- Christian Brassac, vice-président Eurométropole de Strasbourg (67)
- Séverin Lamotte, conseiller départemental de de Meurthe-et-Moselle (54)
- Claudy Lebreton, ancien président du Conseil général des Côtes-d’Armor
- Boris Lemaire, conseiller départemental du Morbihan et maire de Questembert (56)
- Barthélémy Gonella, conseiller départemental du Finistère
- Sylvain Mariette, vice-président du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle (54)
- Anne-Laure Bedu, conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine
- Aziliz Gouez, conseillère régionale de Bretagne et vice-présidente de Nantes Métropole (44)
- Kristian Guyonvarc’h, conseiller régional de Bretagne
- Géraldine Krin, conseillère régionale du Grand-Est
- Ana Sohier, conseillère régionale de Bretagne
- Valérie Tabart, conseillère régionale de Bretagne et conseillère municipale de Laurenan (22)
- Ghislain Wysocinski, conseiller régional du Grand-Est
- Mohammed El Ghazili, conseiller municipal délégué de Nancy (54)
- Annette Mathieu, élue municipale et communautaire de Nancy (54)
- Jean Werlen, élu municipal et eurométropolitain de Strasbourg (67)
- Emmanuel Le Clainche, militant associatif (56)
- Jean-Pierre Le Gall, militant UDB (29)
- Florence Lescoffit, ancienne conseillère municipale (56)
- Jean-Yves Neveu, retraité (56)
- Laurence Piou, militante Les Ecologistes (35)