29 février 2020. Les Rencontres de Lorient entre les listes de rassemblement des gauches et de l’écologie en Bretagne
Dans la suite de la dynamique lancée à Erdeven, en octobre dernier par Ensemble sur nos Territoires, nous avons organisé, samedi dernier, avec la liste d’union de la gauche « Lorient en commun » une rencontre entre des listes de rassemblement des gauches et de l’écologie en Bretagne.
Les représentants de la quasi-totalité de ces listes de rassemblement des gauches et de l’écologie des villes moyennes de Bretagne ont présenté un engagement commun, sous forme d’un appel, pour porter sur leurs territoires la nécessaire transition écologique et sociale. Cet appel souligne plusieurs priorités à mettre en œuvre rapidement par les nouvelles équipes municipales, sur la lutte contre le dérèglement climatique, le maintien de la cohésion sociale des territoires, notamment l’accès au logement pour tous, le développement des projets alimentaires territoriaux, l’avenir des langues de Bretagne…
Les représentants de ces listes dans de nombreuses villes se sont engagés : Lorient, Saint-Brieuc, Quimper, Saint-Malo, Guingamp, Plérin, Douarnenez, Pontivy, Lanester, Quimperlé, Auray, Dinan, Redon, Châteaubriant, Vallet, Plabennec, Chaumes-en-Retz… d’autres villes s’engageront dans les prochains jours.
Retrouvez l’appel et l’ensemble des signataires ici.
Point important, l’appel commun de ces têtes de listes des villes moyennes plaide pour un nouveau dialogue avec les métropoles sur la répartition des emplois, notamment qualifiés, condition de l’aménagement équilibré de la Bretagne. C’était l’objet des discussions qui ont nourri les deux tables rondes qui ont eu lieu ce samedi après-midi à Lorient. Retour en images et en verbatims sur les interventions…
Table ronde #1 : Un nouveau pacte entre les villes moyennes et les territoires ruraux
Animation et présentation des enjeux : René Louail, ancien président du groupe des élu.e.s écologistes au Conseil Régional de Bretagne
– Claire Masson, candidate tête de liste « Auray ville citoyenne » :
« A Auray, nous avons décidé de prendre en main les questions de cadre de vie, d’environnement, pour que les citoyen.ne.s prennent les décisions qui les concernent. Nous avons donc travaillé à ce qu’une liste citoyenne voit le jour à Auray mais nous sommes aussi en train de travailler à l’échelle intercommunale car c’est à cette échelle de coopération que nous pouvons mener les politiques de transition dont notre ville a besoin. »
– Michaël Quernez, maire sortant de Quimperlé, candidat tête de liste « Uni.e.s pour Quimperlé » :
« Même si la Bretagne est plus ou moins préservée, il y aura des listes RN, il faut donc protéger notre biodiversité politique pour éviter ce péril. Notre richesse locale se fonde sur les liens entre nos combats politiques. »
« Le lien magistral entre projet municipal et communautaire. Au travers de l’engagement municipal, on peut construire des projets d’intercommunalité forts qui nous permettrons de reconquérir nos villes et nos territoires. »
« Pour bâtir un projet de territoire entre une ville moyenne comme Quimperlé et des villes littorales et rurales plus petites, il nous a fallu construire un pacte de solidarité territoriale entre les communes pour construire une intercommunalité active sur toutes les politiques du quotidien. Les outils de planification territoriale ont été un support de restauration de cette confiance porteurs d’un projet d’aménagement partagé. »
– Michel Forget, candidat tête de liste « Dinan Diver’cité » :
« A Dinan, il n’y a pas eu d’alternance de gauche depuis 75 ans, c’est une terre de mission. Il est très important de favoriser la « biodiversité politique ». La dynamique d’opposition a permis de construire, à partir de 5 personnes, une liste d’alternative. Il y avait seulement quelques militants politiques mais nous avons fédéré beaucoup de citoyens premièrement réticents à l’investissement dans la vie politique. »
« Reconstruire n’est pas chose aisée, c’est beaucoup de travail et d’énergie ! Les partis politiques doivent se garder de toute volonté d’hégémonie ! »
« Il faut faire attention à la dépolitisation du débat municipal et communautaire face à la triple crise écologique, sociale et démocratique. Beaucoup de citoyens s’engagent dans les combats associatifs mais ne se reconnaissent pas forcément dans les engagement politiques, il faut être à la fois dans les mouvements associatifs et dans les institutions pour mener la transition ! »
– Florence Bloyer-Lescoffit, vice-présidente de Morbihan en Transition, candidate tête de liste « Ploemel 2020, liste écocitoyenne » :
« Je suis issue d’un collectif qui a travaillé très tôt avec les institutions de l’intercommunalité sur les questions de transition écologique. Mais nous nous sommes vite aperçus qu’il fallait convaincre les citoyens éloignés de la vie politique locale de s’y engager pour pouvoir changer les choses face à l’urgence démocratique et environnementale. C’est ce que nous faisons avec Morbihan en Transition ! »
Table ronde #2 : Répartir l’emploi en Bretagne : les métropoles sont-elles prêtes à dialoguer avec les villes moyennes ?
Animation et présentation des enjeux : Maxime Picard, conseiller régional de Bretagne, premier secrétaire fédéral PS du Morbihan
– Paul Molac, député du Morbihan :
« Il est important de prendre en compte les externalités positives dans un contexte où la Dotation Globale de Fonctionnement ne fait que baisser, réduisant les capacités des collectivités, en particulier des communes à assumer les investissements nécessaires. Comment travailler le développement des transports dans les campagnes par exemple, tout en préservant les richesses agricoles, moteur économique local ? »
« L’aménagement des dents creuses tel que prévu par la loi ELAN dans les bourgs et les villages permettrait de protéger nos espaces agricoles. Les intercommunalités ont pris les choses en main pour préserver le foncier agricole, mettre en place des transports de proximité sur les territoires ruraux… elles permettent de développer un certain nombre de services, bien qu’on en soit encore aux prémices. »
» C’est bien d’avoir des idées mais il faut trouver un chemin pour améliorer les choses. Cela s’appuie sur une technicité nécessaire qui fait souvent défaut aujourd’hui. Vers Redon, on a décidé de fédérer les intercommunalités qui sont entre les pôles métropolitains. L’idée est de s’inscrire dans tous les plans territoriaux afin qu’à l’échelle de la région, les territoires ruraux puissent défendre leurs intérêts. Il doit y avoir une complémentarité métropole / territoires ruraux, avec un meilleur équilibre entre services rendus à la métropole et développement des espaces ruraux. »
– Aziliz Gouez, candidate sur la liste « Nantes en confiance » :
« Le modèle européen est fondé sur la mise en concurrence entre les pôles métropolitains avec une tendance à l’hyper-concentration de tous les leviers sociaux, économiques… d’attractivité. Nous parlons en réalité de grammaire politique et elle est aujourd’hui en train de changer, c’est le sens de nos discussions ici. »
« En Europe de l’est, les territoires se sont évidés à cause de mégapoles internationales qui n’ont plus de liens avec leurs territoires d’inscription. Le maillage des petites et moyennes villes bretonnes peut permettre d’éviter ce phénomène. Nantes en confiance a décidé de prendre part à ce défi et à la coopération avec les territoires bretons pour faire de la Bretagne une région où on vit bien partout ! »
« Sur les emplois qualifiés, Nantes en confiance va très loin dans la volonté de rééquilibrer la répartition sur les territoires ruraux, évidemment sur la question agricole. »
« La culture c’est aussi la vitalité de nos langues régionales, le gallo et le breton permettent de rendre prospères nos cultures communes. »
– Ronan Pichon, vice-président de Brest Métropole, candidat tête de liste « Brest Écologie Solidarités » :
« Il nous faut chercher à travailler en coopération avec les autres métropoles et territoires bretons. Cela présente 2 freins : toujours une compétition sur l’emploi et la logique centralisatrice institutionnelle actuelle en Bretagne, avec des capitales régionales qui ne facilitent pas le jeu de l’équilibre territorial régional global. Il convient donc de constituer des réseaux de villes, sans les institutions départementales et régionales qui verticalisent trop les politiques territoriales et favorisent les compétitions entre villes et les territoires ruraux n’ont pas voix au chapitre. »
« Il est impératif de lutter contre l’artificialisation dans les villes comme dans les espaces ruraux partout en Bretagne. Mais pour arriver à une dynamique à l’échelle régionale, ça partira des communes et des intercommunalités car elles ont la main là-dessus, il faut donc trouver les dynamiques communes ! »
– Gaëlle Le Stradic, conseillère départementale du Morbihan, candidate sur la liste « Lorient en commun » :
« Le rééquilibrage économique doit nous pousser à réfléchir à l’échelle des bassins de vie. Comment faire en sorte que l’emploi qualifié arrive à Lorient et reste à Lorient pour un rayonnement local ? On peut par exemple miser sur le capital intellectuel que possède chaque territoire : les universités permettent des liens de coopération avec les universités des métropoles, et permettent aux étudiants de rester sur le territoire une fois les études finies, à condition de trouver un débouché professionnel. »
« Le développement des PME est essentiel sur nos territoires mais nous devons faire en sorte que leur centres de décisions restent sur place, car cela créé un écosystème qui permet aux territoire de se développer. L’économie sociale et solidaire est un vecteur d’une transition économique basée sur l’emploi relocalisé, sur la formation, sur le jeune entreprenariat… »
« Comment monter en puissance et en compétences au travers des réseaux inter-territoriaux ? La complémentarité des territoires implique que chacun des territoires s’appuient sur leur propres spécificités économiques pour qu’ils entrent en résonance et structurent des bassins de vie et de développement pérennes »
– Hervé Guihard, candidat tête de liste « Réinventons l’espoir 2020 Saint-Brieuc » :
« Les spécificités de chaque ville bretonne à bonne distance les unes des autres et de la ruralité permettent une réelle complémentarité. Avec plus de coopération, les territoires peuvent prendre en main des partenariats pour fixer l’économie et les ressources : énergie, alimentation durable… Volet plus compliqué sur les coopérations universitaires »
– Jean-François Lugué, candidat sur la liste « Redon demain » :
« Redon a un population qui vieillit, une image extérieure dégradée, et peu de jeunes familles y habitent, aspirées par Rennes. A ce titre, comment envisager la mise en oeuvre de solidarités forte entre la métropole de Rennes et villes moyennes avoisinantes ? Les métropoles auront-elles cette préoccupation de rééquilibrage territorial ? »
« Une des pistes pour amorcer ces rééquilibrages, à partir des politiques territoriales, tient en la réappropriation du local sur les ce qui fait territoire : les mobilités (TGV), l’eau, la démocratie participative… »